Abdoul Mbaye veut préserver les intérêts des industries du tabac au détriment du pays.
Dakar, le 28 janvier 2013 - Abdoul Mbaye est dans le collimateur des associations sénégalaises et même africaines de lutte contre le tabac. Le Premier ministre du Sénégal a, en effet, exigé que le projet de loi contre le tabac actuellement dans les coursives du gouvernement prenne en compte les «intérêts de l’industrie du tabac». Il a ainsi demandé, par écrit, à la commission technique devant apporter sa dernière touche au texte d’impliquer les fabricants de cigarettes dans ses prochaines réunions, pour leur permettre d’y introduire des modifications dans le sens de préserver leurs intérêts, violant de façon flagrante les dispositions de la Convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac, que le Sénégal a ratifiée en 2006.
Ladite Convention dispose dans son Article 5.3, que : «En définissant et en appliquant leurs politiques de santé publique en matière de lutte antitabac, les Parties veillent à ce que les politiques ne soient pas influencées par les intérêts commerciaux et autres de l’industrie du tabac, conformément à la législation nationale.» Voilà que le Premier ministre en personne, pour des raisons que les associations de lutte contre le tabac cherchent encore – même si elles disent en connaître un bout -, décide de tordre le bras aux parties qui ont déjà confectionné un «bon texte» inspiré de la loi cadre de l’Organisation mondiale de la santé, pour les «beaux yeux» de l’industrie du tabac évoluant au Sénégal.
Des gens ayant participé à l’atelier de sensibilisation des députés sur la loi contre le tabac, tenu samedi dernier, sont formels : Abdoul Mbaye veut préserver les intérêts des industries du tabac au détriment du pays. Le Sénégal dépense chaque année la somme de 51 milliards de francs Cfa pour soigner ses citoyens atteints de maladies chroniques, dues en grande partie à la consommation du tabac. Même si l’Etat récolte 22 milliards de francs au titre de taxes annuelles sur la vente du tabac, il est très loin des 31,5 milliards de francs de profits, réalisés par an, par l’industrie du tabac au Sénégal. Une manne financière qui n’est pas réinvestie dans ce pays sous quelque forme que ce soit.
Ce qui est assez aberrant aux yeux des députés, qui ont pris part à cette rencontre. Certains d’entre eux comme Moustapha Diakhaté, président du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar et Alpha Baldé, président de la Commission Santé et affaires sociales de l’Assemblée nationale se sont indignés des chiffres brandis par le Dr Abdoul Aziz Kassé, président de la Ligue sénégalaise contre le tabac (Listab). Ensuite, ils ont assuré leur implication pour que le Sénégal ait une bonne loi à l’image du Ghana, du Mali ou même de la… Gambie voisine.
(Source: seneweb.com)
Message posté sur le site seneweb.com par Pascal Diethelm le 28 janvier 2013 :
C'est du grand n'importe quoi, cette décision d'Abdoul Mbaye!
Prendre en compte les intérêts des industriels du tabac dans l'élaboration d'une loi antitabac, c'est exactement la même chose que prendre en compte les intérêts des esclavagistes dans l'élaboration d'une loi d'abolition de l'esclavage.
Le tabagisme est une forme moderne et technologique de l'esclavage, plus perverse encore que la forme traditionnelle dans la mesure où les chaînes visibles qui enserraient les chevilles des malheureux esclaves sont remplacées par des chaînes chimiques (la nicotine) qui agissent directement sur le cerveau de ces esclaves modernes qui sont tombés dans l'addiction au tabac. Car il s'agit bien d'un esclavage que d'être en proie à un comportement compulsif de consommation (et donc d'achat) d'un produit qui vous ronge de l'intérieur et vous tue à petit feu -- et dont la seule finalité est de grossir les profits des multinationales et d'enrichir un peu plus leurs actionnaires déjà pleins aux as.
M. Abdoul Mbaye a-t-il au moins lu l'Appel de Gorée? Il serait temps qu'il s'instruise!