Les fabricants de tabac prolifèrent en Afrique où ils ciblent les jeunes

Pour lutter contre ce fléau, il faut simplement s'inspirer de la Convention-cadre de l'Organisation mondiale la santé (OMS) ... le Sénégal a signé en 2005 ce document  ... on avait l'obligation dans les trois années qui suivaient de l'appliquer.

Dr Abdou Aziz Kassé

Dakar, le 24 décembre 2012 - Au total, il y a 1 milliard 300 millions de fumeurs dans le monde et 83 % d’entre eux vivent dans les pays en développement, notamment en Afrique où les compagnies de tabac se sont repliées avec pour cibles les jeunes, a affirmé le Dr Abdou Aziz Kassé, Chirurgien à l’Institut du cancer de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, dans un entretien exclusif avec APA.

« La lutte contre le tabac a très bien marché dans les pays occidentaux. Les compagnies de tabac se replient en Afrique avec des complicités ouvertes des décideurs africains qui ne se résolvent pas à mettre des lois anti-tabac comme l'ont fait les pays et comme le réclame la Convention-cadre de l'OMS que le Sénégal a signée depuis 2005 », a rappelé Dr Kassé, par ailleurs président de l'Association « Prévenir » et de la Ligue sénégalaise contre le tabac (Listab).

Selon lui, ces compagnies au départ ciblaient les hommes via des publicités vantant « l'homme fort ». Maintenant, a-t-il souligné, les mêmes compagnies ciblent les femmes en faisant des cigarettes de plus en plus fines, avec des paquets de plus en plus jolis, avec de la dorure qui donnent l'impression d'un bijou que l'on tiendrait comme un sac.

« Malheureusement, cette stratégie a été payante. Au moment où, les hommes renoncent à la cigarette, ce sont les femmes qui fument le plus », a déploré le Dr Kassé.

Au Sénégal, il n'y a pas eu une enquête nationale au niveau des adultes mais il y en a eu chez des jeunes de la préadolescence (10-15 ans) et l'enquête révèle que 90% de ces sujets ont commencé à fumer à partir du secondaire, a-t-il indiqué.

Il a ajouté : « Les fillettes qui fument représentent prés de 9%. C'est très grave. Elles fument dix fois plus que leurs mères ne fumaient. Ma crainte, c'est dans un futur très proche de voir ce nombre augmenter et ces filles quand elles seront des dames, elles ne pourront pas interdire à leurs enfants de fumer parce qu'elles ont montré l'exemple ».

Fustigeant le fait que l'État du Sénégal ait procédé à la baise du prix du tabac, il a relevé : « Il n y a pas plus grave que cela. Ce qui va se passer c'est que le plus jeunes et les plus pauvres vont fumer. Mais s'ils augmentaient le prix, ils n'auront pas les moyens de l'acheter ».

A ce propos, il a donné l'exemple d'une marque de cigarette qui a baissé de 600 à 400 FCFA le paquet, avant de revenir à 500 FCFA face au tollé qui s'en est suivi.

« Il n'y a qu'au Sénégal où on accepte cela », a déploré Dr Kassé, selon qui il existe depuis 2008 un projet de loi élaboré par des experts et qui lutte contre le tabac.

Pour lutter contre ce fléau, il faut simplement s'inspirer de la Convention-cadre de l'Organisation mondiale la santé (OMS), a t-il préconisé, avant de rappeler que le Sénégal a signé en 2005 ce document.

Partant de là, souligne Dr Kassé, « on avait l'obligation dans les trois années qui suivaient de l'appliquer, c'est-à-dire prendre les dispositions de la convention, d'en faire des textes de lois et les faire voter à l'Assemblée nationale et de les appliquer ».

(Source: seneweb.com)


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