Le moyen le plus efficace pour dissuader les consommateurs de commencer à fumer et d’encourager l'arrêt du tabagisme est l'augmentation du prix du tabac obtenue par des taxes élevées sur ce produit.
20 octobre 2015 - L’enquête mondiale sur le tabagisme chez les adultes présentée le 15 octobre par l’ANSD a révélé qu’en 2015, environ 500 000 jeunes et adultes au Sénégal, soit 6% de la population (NDLR: 11% chez les hommes et 1,2% chez les femmes), ont été signalés comme consommateurs actuels de tabac. Même si le Sénégal dispose d’une des lois antitabac les plus complètes en Afrique,(1) la consommation de ce produit nuisible à la santé continue donc de faire des ravages. Ce qui suscite la réaction de la société civile.
D’après le professeur Abdoul Aziz Kassé, chirurgien, cancérologue et président de l’association Prévenir pour la lutte contre le cancer, « il faut que la loi soit pleinement mise en œuvre et permette de protéger la santé et la vie des citoyens au Sénégal pour empêcher les jeunes de commencer à fumer et encourager les utilisateurs actuels de tabac à arrêter de fumer ».
Pour sa part, le Directeur général de l’ANSD, Aboubacar Sédikh Bèye, a souligné: « L’enquête mondiale sur le tabagisme chez les adultes aide à renforcer les capacités des pays à concevoir, mettre en œuvre et contrôler des programmes et politiques de lutte anti-tabac. Elle permettra également au Sénégal de remplir ses obligations relatives à la Convention-cadre de l'OMS (Organisation mondiale de la santé) pour la lutte antitabac ratifiée par le pays en 2005. L’enquête vise à générer des données comparables au sein du pays et entre les pays ».
Podium de l'atelier de restitution de l'enquête mondiale sur le tabagisme
chez les adultes au Sénégal, avec, au centre le prof. Awa Marie Colle Seck,
ministre de la Santé et de l’action sociale, entourée, entre autres,
du professeur Abdoul Aziz Kassé et d'Aboubacar Sédikh Bèye.
Il a ajouté que « l’enquête a révélé qu’en 2015 plus de la moitié des fumeurs au Sénégal ont décidé d’arrêter au moins une fois au cours des derniers mois, mais parmi eux, plus de 4 sur 5 l’ont fait sans aide. En outre, environ 5 fumeurs sur 10 ont déclaré qu’un professionnel de la santé leur avait conseillé d’arrêter de fumer au cours des 12 derniers mois ».
De son côté, le Professeur Awa Marie Colle Seck, ministre de la Santé et de l’action sociale, a révélé que « le moyen le plus efficace pour dissuader les consommateurs de commencer à fumer et d’encourager l'arrêt du tabagisme est l'augmentation du prix du tabac obtenue par des taxes élevées sur ce produit. Actuellement, la marque de cigarette la plus courante au Sénégal est taxée à 40,3%, ce qui est en deçà des niveaux d’imposition recommandés ».(2)
« Nous nous efforcerons dans l’application et l’adoption des textes réglementaires relatifs à la mise en place d’espaces publics à 100% non-fumeurs couvrant toutes les catégories de lieux publics et lieux de travail afin de protéger pleinement la population contre l’exposition à ce produit chimique. Mais également d’apporter notre aide à ceux qui veulent renoncer au tabac et assurer l’absence de récidive par l’accompagnement, services et conseils au sevrage », a renseigné la ministre.
Et pour ce faire, a-t-elle dit, « il faudra sanctionner pour faire respecter l’interdiction de la publicité en faveur du tabac, de la promotion et du parrainage, tout en augmentant les textes sur le tabac et diminuer l’accessibilité aux produits du tabac ».
Source : Le Populaire (relayé par Rewmi Actualités)
Note : Quelques corrections mineures ont été apportée à cet articles par la rédaction de l'OTAF.
(1) La loi votée le 14 avril 2014 par le Parlement avait été saluée comme une avancée exemplaire (voir notre article). Il faut cependant déchanter dans la mesure où, en octobre 2015, soit une année et demi plus tard, la loi attend toujours ses décrets d'application. Difficile de ne pas voir derrière ce blocage de la mise en application de la loi l'inquiétante et sournoise influence des industriels du tabac sur le gouvernement sénégalais.
(2) Ce montant de 40,3% est très largement inférieur à la recommandation de l'OMS et à celle contenue dans les directives de la Convention-cadre pour la lutte antitabac, qui fixent le seuil de taxation à 70%.