Autour de la campagne orchestrée par Le Cercle d'Éveil, la mobilisation a été à la fois importante et multiple...
Finalement, Mabucig, une filiale du groupe britannique Imperial Tobacco, a fait marche arrière et stoppé net la campagne de publicité où elle utilisait l'image et la réputation du passeport allemand pour valoriser ses produits de tabac au Burkina Faso. Toutes les affiches ornant son siège et sa boutique de vente à Ouagadougou ont été déposées.
Pour tous ceux qui luttent contre le tabagisme au Burkina Faso, c'est une à la fois une victoire contre un colosse des industries du tabac en Afrique de l'Ouest, contre une entreprise liée et protégée par le régime de l'ex-président Compaoré et de son frère François, mais aussi contre un industriel, Lassina Diawara, qui était au cœur du système Bolloré jusqu'à son récent remplacement par Michel Roussin à la tête de Sitarail (société de transport ferroviaire).
Autour de la campagne orchestrée par Le Cercle d'éveil, la mobilisation a été à la fois importante et multiple, avec la presse nationale et en premier lieu la presse en ligne, les associations de défense des consommateurs, les réseaux sociaux, mais aussi des associations allemandes de lutte contre le tabagisme comme Blue 21 et Unfairtobacco.org. En revanche, les autorités ont fait preuve d'un silence assourdissant. Aucune réaction du ministère de la Santé, pourtant en charge de faire appliquer la loi anti-tabac de 2010, aucune réaction du Conseil supérieur de la communication, aucune réaction du ministère de l'Administration territoriale, et encore aucune réaction de l'ambassade d'Allemagne au Burkina Faso devant l'utilisation abusive du passeport allemand.
Exemple des gigantesques panneaux publicitaires
qui ornaient les boutiques de vente de cigarettes à Ouagadougou (à gauche avant retrait, à droite après retrait)
Le combat est loin d'être gagné, car l'objectif est de faire appliquer réellement la loi antitabac votée voilà cinq ans, notamment en faisant disparaître la publicité et la promotion du tabac et de la cigarette au Burkina Faso qui, comme tous les pays africains, est un eldorado pour l'industrie mondiale du tabac. Les effets sanitaires du tabac étant à long terme, la lutte contre le tabagisme est hélas une cause ingrate, souterraine et de longue haleine, qui conduit rarement ceux qui la mènent sous les feux de la rampe ou les applaudissements de la foule. Un début de prise de conscience a eu lieu, y compris au sein de la société civile et des associations de défense des consommateurs. David a pu bousculer Goliath, c'est déjà un (petit) pas de géant...
2015.03.22/pad