Pour faire face à cette ascension de la prévalence tabagique, la société civile ivoirienne constitue un véritable maillon incontournable de la lutte antitabac.
Dans le cadre du projet régional de mise en œuvre de la Convention-Cadre de l'OMS pour la Lutte Antitabac, le ROCTA-CI, l'ONG CLUCOD et l'Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires participent au renforcement des capacités des organisations de la société civile pour faire échec à l’ingérence de l’industrie du tabac dans les politiques de santé publique en Côte d'Ivoire - par Tall Lacina.
Abidjan, 12 octobre 2013 - Le tabagisme constitue aujourd’hui un des plus grands fléaux dans le monde. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le tabac tue environ six millions de personnes par an dans le monde. Près de 70% de ces décès ont lieu aujourd’hui dans les pays en voie de développement. La prévalence tabagique dans le contexte ivoirien laisse entrevoir un tableau sombre dans l'avenir. Le nombre de fumeurs réguliers en Côte d’Ivoire est en constante augmentation ; il est aujourd’hui estimé à plus de 1,8 millions. Avec pour résultat que le tabagisme provoque 5.000 morts dans le pays.
Pour faire face à cette ascension de la prévalence tabagique, la société civile ivoirienne constitue un véritable maillon incontournable de la lutte antitabac. Dans cette perspective, elle s’est organisée en un réseau qui comprend à ce jour une dizaine d’organisations, dénommé ROCTA-CI (Réseau des ONG actives pour le Contrôle du Tabac en Côte d’Ivoire). Grâce à cette alliance, la lutte a pris une autre dimension significative avec la signature du décret portant interdiction de fumer dans les lieux publics et transports en commun conforme à la Convention-Cadre de l’OMS pour la Lutte Anti-tabac (CCLAT), ratifiée par la Côte d’Ivoire le 13 août 2010 et qui est entrée en vigueur le 11 novembre de la même année . Elle va encore plus loin en soutenant un projet de loi antitabac .
Mais l'industrie du tabac résiste. Elle a notamment tenté de poursuivre l'État ivoirien pour avoir adopté ce décret, qui pourtant ne fait que mettre en œuvre l’article 8 de la CCLAT et ses directives en interdisant de fumer dans l’ensemble des lieux publics. Heureusement, cette tentative a échoué, la cour suprême ayant rejeté le recours contre le décret, qui peut maintenant être appliqué sans restriction.
Le ROTCA-CI est donc conscient des obstacles à la lutte antitabac constitué par l’interférence de l’industrie du tabac dans la politique de santé publique. Le réseau des ONG sait aussi qu’il peut apporter une contribution significative pour faire obstacle à l’influence néfaste de cette industrie. Cette dans cette perspective qu’il a organisé, à travers l’ONG CLUCOD avec l’appui financier et technique de l’Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires (l’Union), un atelier de renforcement de capacités à l’intention des faitières de la Côte d’Ivoire. Cet atelier s’est inscrit dans le cadre du projet régional de mise en œuvre de la CCLAT et avait pour but d’engager et d’impliquer la société civile toute entière dans la lutte antitabac. Les participants proviennent des ONG et de la presse de la Côte d'Ivoire.
Le 11 et le 12 octobre 2013, à la salle de conférences de L’OMS à Abidjan, un collège de trois experts internationaux (Daouda El Hadj Adam et Sylviane Ratte, conseillers de l’Union et Pascal Diethelm, vice président du Comité national contre le tabagisme, France) ont instruit la société civile ivoirienne, y compris les organes de media, sur le thème : « Les instruments de la lutte antitabac, les bonnes pratiques et les ingérences des firmes de tabac ».
Cette rencontre a permis aux participants d’avoir un large aperçu sur la CCLAT, les instruments de lutte antitabac et surtout les tactiques des firmes de tabac en matière d’ingérences dans la mise en œuvre de la Convention-cadre de l’OMS.