Il a toujours en lui une joie profonde qu’il irrigue autour de lui, et avec laquelle il surmonte tous les obstacles.
Alphonse est connu de tous pour son engagement sans égal dans la lutte antitabac et pour la protection des consommateurs camerounais et d’Afrique. Il a énormément contribué pour la défense et la promotion des droits des consommateurs. Alphonse Issi a consacré plus de 20 ans de sa vie à cette noble cause.
Alphonse n’a pas peur des mots ou des regards quand il a une position à défendre. Sa spontanéité, son franc-parler, ses positions tranchées sur ce qu’il aime et n’aime pas, lui ont parfois valu des accusations erronées et injustes sur sa personne lors des réunions nationales et internationales.
Il croit à ce qu’il aime et à ce qu’il fait. Malgré l’âge qui avance, Alphonse reste toujours tenace, il ne fléchit pas, il s’adapte aux nouvelles technologies et aux réseaux sociaux pour assurer la promotion des droits des consommateurs. Il rédige et publie son journal, le Consommateur prudent, répond à toutes les sollicitations pour la protection du consommateur.
Il est le pionnier de la lutte antitabac au Cameroun et en Afrique pour avoir contribué efficacement aux négociations de la Convention-cadre de l’OMS (CCLAT) et à sa ratification par le Cameroun. Malgré le manque de ressources, il a su par son engagement continuer à lutter contre l’industrie du tabac et le tabagisme au Cameroun. L’un des chantiers en cours d’Alphonse dont il me parlait très récemment est le combat qu’il mène contre les manœuvres des compagnies de tabac et leurs alliés pour faire autoriser la publicité des produits du tabac à travers la révision de la loi sur la publicité. Je signale qu’Alphonse est membre du Conseil national de la communication du Cameroun.
Nous avons construit ensemble plusieurs réseaux et organisations sous régionaux. L'OTAF, le Réseau africain sur l'eau et l'assainissement (ANEW), et récemment l'Union africaine des consommateurs (UAC), dont il est membre du conseil d'administration. Sans l’engagement d’Alphonse, la jeune Union africaine des consommateurs n’aurait pas vu le jour le 23 juillet 2015 à N’Djaména. Il m’a soutenu, encouragé et accompagné. Il est le premier à verser volontairement et intégralement le montant du droit d’adhésion et cotisation de son association à l’UAC. Son geste m’a marqué mais ne m’a pas surpris car Alphonse croit à l’Union africaine et à l’Afrique.
Alphonse Issi lors de la création de l'Union africaine des consommateurs
à N'Djaména le 23 juillet 2015 (premier à droite)
Il a toujours en lui une joie profonde qu’il irrigue autour de lui, et avec laquelle il surmonte tous les obstacles. Comme disait Amadou Cheick Kanouté, directeur exécutif de CICODEV Afrique et ancien directeur du Bureau Afrique de l’Organisation internationale des consommateurs, « Sa foi trempée dans la défense du consommateur lui a valu la prison, les atteintes à sa vie et à son intégrité physique ! » Pourra-t-on jamais avoir encore quelqu'un de ce statut qui porte tous ces attributs? Le Destin a décidé ainsi. Ne sommes-nous tous pas appelé à partir un jour. Celui d’Alphonse a sonné à 17 heures le 22 février à Yaoundé, avec sa famille à ses côtés.
Que son âme repose en paix. Que l’œuvre entreprise par Alphonse pour le bien-être des populations africaines se pérennise. Les acteurs de la lutte antitabac, les défenseurs des consommateurs garderont en mémoire, j’en suis convaincu, ce baobab africain de la défense des consommateurs.
2016.02.24/dea